Si vous ne le saviez pas déjà, le Jardin21, situé à Paris dans le 19ème, est un lieu de vie dédié à l'agriculture urbaine. Bien qu'actuellement fermé au public, Dédé la cheffe-jardinière continue d'entretenir notre jardin-potager et prévoit l'installation fin novembre d'une micro-forêt. L'objectif d'une micro-forêt (appelée aussi forêt urbaine Miyawaki) ? Restaurer la biodiversité, capter le CO2 et créer des îlots de fraîcheur ; des enjeux qui répondent à l'urgence climatique.
Nous avons eu la chance de rencontrer Guillaume de l’association Boomforest qui est venu nous donner des conseils de mise en place. L'occasion de le lui poser quelques questions sur son parcours et son association.
Bonjour Guillaume, peux-tu nous parler de l’association Boomforest ?
C’est une association créée en 2017 par Enrico Fusto. Il connaissait la méthode Miyawaki et avait envie de l’appliquer en France. En 2016, Il s’est lancé en tant que citoyen dans des démarches auprès du budget participatif de la Ville de Paris pour obtenir un terrain et un budget. Il les a obtenus et dans la foulée, il a fondé l’association Boomforest pour porter le projet.
L'objectif de l'association est de créer et d'aider à la création de micro-forêt. A ma connaissance, tout ceci a donné lieu à la plantation de la toute première forêt Miyawaki en France : c'était en 2018, Porte de Montreuil.
Maintenant l’association a grandi, nous plantons entre 5 et 6 micro-forêts par an. En général à Paris, en région parisienne, à Lyon ou Nantes.
Et toi quand as-tu rejoint Boomforest ?
A peu près à la même période, j’ai eu un cheminement assez similaire. Je travaillais dans le commerce international au Québec, je m’intéressais beaucoup à l’écologie, au changement climatique, je savais que j’avais envie de me diriger dans cette voie. En rentrant en France en 2018, j’ai eu une période durant laquelle j’avais plus de temps. Je ne connaissais pas la méthode Miyawaki, mais j’avais envie de planter une forêt. Car ça me semblait être accessible et envisageable.
Je me suis donc moi aussi lancé dans des démarches. C’était auprès du conseil municipal de la ville d’Ablis (78) et une fois le terrain et le budget débloqués, j’ai moi aussi créé une association, qui s’appelait « Les Pionniers » et je me suis retrouvé face à des questions pratiques : Quelles essences planter ? Comment les planter ?
Quelle est la méthode pour créer un bosquet ?
En me renseignant, je suis tombé sur l’associationBoomforest qui justement mettait en œuvre la création de micro-forêts avec la méthode Miyawaki. Ensuite j’ai parcouru les travaux qui ont été réalisés au Japon et en Inde. C’est comme ça que j’ai entendu parler de cette méthode et que je l’ai expérimentée. Avec Les Pionniers et Boomforest, nous avons planté plusieurs forêts puis nous avons fusionné les deux associations en 2021.
Vous êtes combien maintenant dans l’association ?
On est 3 membres actifs à gérer l’essentiel du travail de l’asso. On est assisté la dedans par une dizaine de personnes qui sont bénévoles et qui sont là de façon plus sporadique. Et encore autour, il y a environ une dizaine de personnes qui intervient encore plus sporadiquement. Qui vient planter une fois ou deux, mais qui ne gère pas du tout les projets. Ça reste une petite structure.
Nous avons plusieurs fois parlé de la méthode Miyawaki, est-ce que tu pourrais me la décrire rapidement ?
La méthode Miyawaki, c’est une méthode qui a été mise au point en 1970 par un professeur Japonais de l’université de Yokohama : Akira Miyawaki. Dans les grandes lignes, l’objectif est de favoriser la ré-émergence d’une forêt sauvage.
Pour cela, on plante des arbres et arbustes indigènes de façon dense sur un espace même réduit pour y réintroduire de la biodiversité et de la végétation.
La plantation y est très dense pour imiter les densités présentes en forêt sauvages naturelles et également pour inciter les jeunes arbres à créer rapidement une communauté végétale avec leurs voisins, basée sur l’entraide et la compétition pour la lumière et le nutriment. Ce qui est fou, c’est que la méthode Miyawaki est assez ancienne, elle a été créée dans les années 70 je crois et que ça n’est arrivé en Europe que tout récemment, il y a 5-6 ans.
Maintenant que vous êtes un peu plus rodés, comment se passe vos projets de plantation ?
Il faut parler avec les gens, aller les voir sur le site, repérer le terrain. Et ensuite, il y a toute la partie terrain : organiser les plantations, encadrer les bénévole, gérer le suivi et l’entretien, donc là c’est avec les bottes et les salopettes et c’est parti !
Et toi quel est ton rôle, c’est un rôle de terrain ou un rôle administratif ?
Un peu des deux. Il y a une bonne partie de mon travail qui consiste à répondre aux demandes comme les tiennes. Donc discuter avec des gens qui sont porteurs de projets, essayer de les aider à définir un peu mieux ce qu’ils veulent et si on peut les aider à concevoir un projet de micro-forêt, on partage tout ce qu’on a appris avec grand plaisir. Il y a beaucoup d’échanges avec des municipalités et des collectivités avec lesquelles nous on fait des projets par nous-même on va dire.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
L’objectif de l’association est de diffuser la méthode Miyawaki le plus largement possible. En France, c’est l’équivalent de 2 à 3 fois la surface de Paris qui est artificialisée tous les ans. Il est urgent de restaurer des écosystèmes sauvages et indigènes. Pour ça, la méthode Miyawaki est toute indiquée car elle s’applique facilement, par n’importe qui, peu importe son expérience ou sa formation.
Ce qu’on peut nous souhaiter, c’est que de plus en plus de personnes auront envie de s’approprier cette méthode et de lancer leur propre projet de plantation. C’est d’ailleurs plus facile que jamais de se former à la méthode Miyawaki désormais, grâce à la formation J’Agis Je Plante.
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